Dans Niouzes-Vic a paru le 11ème épisode de la chronique « échappées historiques » épisode intitulé « 3 curés de choc à Vic ». Il nous est apparu intéressant de relayer cette publication sur ce site puisqu’elle concerne l’histoire d’une de nos paroisses.
Jacques Rivière, curé de Vic-Bigorre depuis décembre 1753, est né le 26 mai 1726, à Luz en Barèges. Docteur en théologie de la Faculté de Toulouse, il est élu député de la sénéchaussée de Bigorre, le 22 avril 1789, pour représenter le Clergé bigourdan aux États Généraux qui se tiendront le 1er mai 1789, à Versailles. Membre de l’Assemblée nationale Constituante. De Paris, il adressera des libelles imprimés où il attaquera violemment l’Ordre nouveau et la Constitution civile du Clergé de 1790. Il demandera un congé le 7 mars 1791et sera de retour à Vic-Bigorre en janvier 1792. Au mois de septembre, il est malade. Il se retirera à Tarbes dans la paroisse Saint-Jean où il décédera le 19 septembre 1792 (1/2).
Antoine Darrabiat, son remplaçant, est nommé curé constitutionnel de Vic-Bigorre le 1er juillet 1791. Il le restera jusqu’au 21 novembre 1793 où il se « déprêtrise ». Né à Campan le 7 mai 1757, il devient docteur en théologie et vicaire de sa commune avant d’être nommé à Vic-Bigorre. Il prend fait et cause pour la Révolution. Il ferme l’église Saint-Martin le 12 juin 1791 et, ce jour-là, il remet la clé du presbytère qui servira de « magasin national » et déclare : « Considérant que l’esprit de la philosophie et de la raison a fait tant de progrès qu’il demeure reconnu que les prêtres ne sont nullement nécessaires dans une République… ». Quant à l’église devenue maison nationale ou ci-devant église ou temple décadaire ou temple de la raison, elle est revendiquée par la Société Populaire pour y tenir ses réunions. On y trouvera aussi l’École publique. On enlèvera les fleurs de lys de l’horloge de l’église, les croix sur le petit et le grand clocher, on enverra les vases sacrés à la Convention, on découdra les galons d’or et d’argent des ornements, on descendra les cloches de l’église, sauf la grosse qui sonnera le nonidi du soir pour annoncer le repos du décadi. Dix-neuf mois plus tard, 17 citoyens signeront une pétition envoyée au Corps municipal pour réclamer la réouverture de l’église. La loi autorisant l’exercice du culte catholique, la clé de la ci-devant église sera remise aux pétitionnaires. Antoine Darrabiat se fera « jureur », deviendra « cultivateur » et prendra pour épouse Mlle Madeleine Lataste, riche propriétaire du domaine de Saint-Aunis, le 26 juillet 1798. Le curé révolutionnaire deviendra père de famille en 1800. Elle, c’était la petite-fille d’Eugène Lataste, acheteur du domaine, en 1743.
La restauration de la Municipalité vicquoise a lieu le 21 mai 1800. Onze jours plus tard, Jean Suzanne Combessies est nommé maire. Il était jusque-là agent national et auteur de discours enflammés pour la cause révolutionnaire et contre la religion. Son premier adjoint, c’est Antoine Darrabiat, « cultivateur » et « châtelain » de Saint-Aunis. En novembre 1792, les électeurs nomment ce dernier administrateur de l’Assemblée départementale et le Conseil général des Hautes-Pyrénées le choisit pour son Président.
Après l’épisode révolutionnaire, Joseph Delcros Terrats est nommé à la cure de Vic-Bigorre, le 22 janvier 1804. Ce premier curé concordataire entretient une correspondance régulière avec l’abbé François Honnert, secrétaire général de l’évêque du diocèse de Bayonne et, plus rarement, avec Mgr Joseph Jacques Loison, alors en charge du département des Hautes-Pyrénées, le diocèse de Tarbes n’étant pas encore rétabli. Elle s’interrompt le 14 février 1817, un peu avant son décès le 27 mars 1817. Homme cultivé en poste à Paris, puis professeur en droit canon à l’Université de Caen, il fut le « grand vicaire » de Mgr Caylus, évêque de Bayeux, pendant deux ans. L’intransigeance pour son apostolat n’aura d’égale que la sévérité des jugements qu’il portera sur des fidèles vicquois déboussolés par les séquelles des décisions révolutionnaires. Ce combattant de la foi, qui n’aura jamais voulu jurer sur la Constitution civile du Clergé, abattra une besogne sacerdotale considérable dans une paroisse délabrée et en proie au doute. Il constatera une déchristianisation profonde de la Cité vicquoise.
Claude LARRONDE, – illustrations : Michel STRUYE
(1) « Vic-Bigorre et son Patrimoine » – Claude Larronde – Édition Société Académique des Hautes-Pyrénées – 1998.
(2) « De Vic-Bigorre à Tarbes en 1789 » – Claude Larronde – Édition PyréMonde – 2007.