Gérard Crozat, diacre permanent du diocèse, a publié dernièrement sur la page Facebook du diocèse (https://www.facebook.com/catholique65/), un article faisant le parallèle entre le rite du lavement des mains (dit aussi du « lavabo ») au moment de l’Offertoire et l’usage aujourd’hui, du gel hydroalcoolique durant la messe.
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Pour les lecteurs qui n’ont pas de compte Facebook, voici la transcription du texte
Rite du Lavabo
Non ! Il ne s’agit pas de ce meuble que nous avons dans nos salles de bain mais du geste que fait le prêtre avant de célébrer l’Eucharistie.
Pendant cette pandémie, nous assistons à un double rite du lavabo. Le liturgique et le sanitaire.
Juste avant la prière eucharistique, après l’offertoire, au cours duquel on fait généralement la quête, offrande de la communauté, généralement déposée au pied de l’autel, le prêtre emprunte dans sa prière les mots des trois jeunes gens dans la fournaise de Babylone (cf Daniel 3,38-40) : « Humbles et pauvres, nous te supplions, Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi. »
Après quoi il se lave les mains. Et voilà le lavabo, le liturgique. Un enfant de chœur vient verser de l’eau sur les doigts du célébrant.
A l’origine, ce rite du « Lavabo » avait un aspect bassement pratique au temps où étaient apportées à l’offertoire toute sorte de dons : des légumes, de l’argent, de pigeons ou des poulets, des fromages maison et tant d’autres choses que les membres de la communauté apportaient. Le prêtre devait alors se laver les mains après avoir pris dans les mains toutes ces offrandes en tout genre suivant les moyens des fidèles.
Progressivement, avec le temps ce même geste a pris une valeur spirituelle explicite : il s’agissait d’y voir l’eau du baptême ou celle que le Christ a versé sur les pieds de ses disciples au cours du dernier repas (Jn 13). Alors qu’on lui mouillait les doigts, il prononçait les paroles du psaume 25,6-7 : « Je lave mes mains en signe d’innocence pour approcher de ton autel, Seigneur, pour dire à pleine voix l’action de grâces et rappeler toutes tes merveilles ». De nos jours le prêtre dit à voix basse ce verset du Psaume 50,4 : « Lave moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon péché.»
Ainsi, le célébrant, d’une certaine manière, confie à chacun qu’il n’est qu’un membre de l’assemblée comme tous les autres, avec ses limites mais son originalité et son identité. Il n’est ni magicien ni surhumain. Il est responsable.
Ce geste passe peut-être trop inaperçu de nos jours.
Et le voilà rehaussé par un deuxième lavabo, sanitaire celui-là. Le gel hydro-alcoolique est aujourd’hui présent dans nos eucharisties et, ne nous le cachons pas, nous sommes un peu rassurés de voir qu’avant de proposer à chacun le Corps du Christ, le prêtre veille à se désinfecter les mains.
Bien entendu, il ne s’agit pas d’en faire un geste liturgique à proprement parler mais pourquoi ne pas y voir, un indice supplémentaire du lien étroit entre lui et le peuple de Dieu, une relation de service et de soin.
Comme il le montre de façon plus solennelle le Jeudi Saint au moment du lavement des pieds. Tel est sans doute sa vocation qui doit être reconnue comme le premier serviteur de sa communauté. Mais n’en faisons pas un geste trop symbolique non plus et sachons l’utiliser au bon moment : juste avant de distribuer la communion sinon, cela ne sert à rien !
Si le gel hydro-alcoolique permet de mieux révéler la confiance entre le ministre et les chrétiens, il aura été doublement utile.
Gérard CROZAT, diacre