Rencontre avec Bernard Berdou, restaurateur d’églises

 

Vêtu de la blouse blanche de « médecin » du patrimoine, œuvrant discrètement dans une chapelle latérale ou en l’occurrence au fond de l’église Saint-Martin, dans un espace tenant à la fois de rangement et d’atelier, Bernard Berdou exerce son activité depuis quelque 50 ans. Ses interventions en l’église vicquoise, édifice dont Claude Larronde a retracé l’histoire du bâti et transformations depuis l’origine médiévale jusqu’à l’église gothique de style méridional ou toulousain (voir les pages informatiques www.histovic.com/visite-vic-en-bigorre/saint-martine) , comme un « fil rouge » qui témoigne de l’intérêt de la collectivité pour son patrimoine. Et pour Bernard Berdou un engagement professionnel inscrit dans un parcours du val d’Adour à la montagne sans oublier le piémont, parcours jalonné d’étapes pour des interventions de restauration et sauvegarde dans des églises des vallées du Louron, d’Aure, du Lavedan, et même la cathédrale de Tarbes.

Savoir-faire, maîtrise de techniques et matériaux d’origine (depuis le XIIè siècle par exemple) pour une adaptation que l’homme de l’art exerce, de trompe-l’œil en badigeons de chaux, d’enduits au mortier de chaux, faux bois, faux marbres… Un métier d’art avec ses valeurs dont Bernard Berdou confiait lors d’une intervention dans la chapelle de la vierge qu’il y fallait « l’amour du travail, la passion, le respect pour les anciens qui nous ont laissé un patrimoine d’une richesse incommensurable » .

Histoire du patrimoine et histoire humaine. Bernard Berdou avait confié être entré dans le métier d’art par l’apprentissage chez Miro Ceschia, peintre décorateur à Maubourguet, avant les étapes à l’école de peinture Van Der Kelen à Bruxelles, puis l’école de peinture ABC de Paris, devenue en 1984 l’Institut de peinture décorative de Paris (Ipedec). Collaborations avec les collectivités, les services d’État tel les Bâtiments de France… et des chantiers comme en l’église Saint-Martin de Vic ou même des particuliers.


 

Les interventions de Bernard Berdou en l’église Saint-Martin s’inscrivent dans la durée, la notion de temps pour ce peintre en décor, restaurateur d’éléments patrimoniaux sur des supports différents à travers diverses techniques est variable.

Certes les chantiers publics avec des commandes, la législation et règlements, tel le chantier en cours à la demande de la mairie : la remise en état du porche. Et de développer depuis les travaux de badigeon sur les murs jusqu’à la restauration de la voûte par un décor sur fond bleu ciel ; du nettoyage de la belle porte de l’église jusqu’aux travaux de restauration sur une partie des murs intérieurs « toujours en respectant les anciennes techniques ».

Le peintre en décor reviendra sur le nettoyage de deux statues du XIXe siècle, évoquant au passage une dynastie de peintres italiens (les Pedoya, nom francisé des frères Pedoia du 18è et 19è) dans un périple passant par le val d’Adour.

Bernard Berdou indique ne pas travailler seul, recevant souvent des stagiaires de l’école d’Avignon institution très réputée : « je partage avec ces jeunes les bases sur la restauration des peintures murales et souvent sur des décors très anciens nécessitant une solide expérience » . Un savoir et des techniques « de façon à perpétuer ce beau métier sanctionné par un diplôme de peintre en décor du patrimoine donnant droit de travailler sur des monuments classés ».

L’entendre décrire son intervention sur les motifs, en particulier la frise avec des feuilles d’acanthe, c’est comprendre la mission de lien entre le passé et l’avenir, la volonté de transmission de l’authenticité dans le respect de ses prédécesseurs.

    
Texte & crédit-photo : Josiane Pomès – LDM

 

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