La fête de Pâques est liée à un sympathique animal : l’agneau. Pourquoi et pour quelle signification ?
L’agneau est un animal qui a une place à part chez les juifs et chez les chrétiens. Bien plus que l’âne et le bœuf de la crèche, la colombe ou le poisson évoqués par ailleurs.
L’agneau (ou le mouton, nom usuel et générique des ovins) a une bonne image de marque :
- il symbolise par son jeune âge et sa blancheur, la pureté et l’innocence,
- il est aimé des enfants et devenus adultes, ceux-ci en gardent une réminiscence. Que demande le Petit Prince à Antoine de St-Exupéry ? « Dessine-moi un mouton… »,
- il est très présent dans l’Ancien Testament car celui-ci met en scène un peuple de bergers, de pasteurs. On le retrouve aussi dans les Évangiles comme l’attestent le récit de la Nativité et la parabole dite de la brebis égarée ou du bon berger.
Dans la religion juive, il sert pour les sacrifices. C’est donc naturellement qu’il joue un rôle important dans le récit de la sortie d’Egypte, avant la traversée de la Mer Rouge (Exode chapitre 12 1-14), récit lu lors du Triduum pascal
Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
« Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois.
Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera.
On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous n’en mangerez aucun morceau qui soit à moitié cuit ou qui soit bouilli ; tout sera rôti au feu, y compris la tête, les jarrets et les entrailles. Vous n’en garderez rien pour le lendemain ; ce qui resterait pour le lendemain, vous le détruirez en le brûlant.
Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte »
On voit dans ce récit que l’agneau est offert en sacrifice à Dieu et non en holocauste puisque il va être préparé et mangé par les hébreux dans des conditions dignes d’un livre de cuisine, méchoui ou moutouade avant l’heure ! Et il est ajouté : « Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »
Les chrétiens n’offrent pas d’animal en sacrifice à Dieu puisque c’est Dieu qui s’est offert en sacrifice à travers son fils. Celui-ci devient ainsi l’Agneau offert en sacrifice, l’Agneau mystique que l’on retrouve dans les sculptures et peintures (dont celle des frères van Eyck de 1426) et « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » selon la parole de Jean le Baptiste, mentionnée à chaque messe avant la communion dans l’Agnus-Dei. Il est enfin rappelé lors de la Vigile pascale que le Christ est l’Agneau véritable. Quant au simple agneau, animal de boucherie, il devient le plat traditionnel consommé le jour de Pâques.
Ainsi l’injonction de Dieu à Moïse de faire du repas pascal une fête perpétuelle, est bien respectée dans le double aspect de l’Agneau sacrificiel et de l’agneau donné en nourriture.
RM
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