Le Carême expliqué aux enfants et aux jeunes

« Faces de carême ! » L’expression est bien ancrée dans notre crâne d’adulte mais – heureusement – pas encore dans celui de nos enfants. Beaucoup d’entre nous ont été élevés dans l’idée que les 40 jours qui nous séparent de Pâques doivent être marqués par la pénitence et le sacrifice, comme si nous devions expier avant de mériter la joie de la Résurrection. « Il faut faire des efforts, il faut se priver. » Il suffit de quelques mots pour transmettre ce contresens théologique aux plus jeunes. Apprenons-leur, au contraire, que s’abandonner à l’amour gratuit de Dieu est le vrai défi du carême. En redonnant du sens aux mots et aux gestes.

Trouver les mots pour en parler
« Dieu ne sait pas compter, rappelle Isabelle Parmentier, du service de la formation dans le diocèse de Poitiers. On peut dire aux enfants : Dieu ne vous aime pas plus parce que vous allez vous priver de bonbons. Mais c’est parce que vous êtes aimés par lui que vous allez partager vos friandises avec les copains.” Pâques n’est pas une récompense à tous les efforts que nous aurions pu réaliser pendant cette période. Au contraire, c’est un commencement. « Par le baptême, la Résurrection est déjà au cœur de nos vies. Le temps du carême et celui de Pâques ne font qu’un, dit-elle aux parents. Il faut le vivre dans la solidarité, la paix et la joie. » Les enfants comprennent très bien ce langage : « Dieu ne nous demande jamais de souffrir mais de nous aimer les uns les autres. C’est sa seule volonté. »

Se priver, oui, mais pourquoi ?
Le jeûne est une notion délicate à aborder avec un enfant. Céline Tastevin est l’auteure du Carnet de carême proposé aux catéchistes et aux parents par Fidesco, l’organisation de solidarité internationale de la communauté de l’Emmanuel. Cette jeune maman prend l’exemple d’un seau rempli de sable à ras bord. « Pour faire entrer autre chose, il faut enlever un peu de sable. Avec notre cœur, c’est pareil. Dans cette place vide, on peut accueillir la parole de Dieu. » On ne se prive pas pour être un héros mais pour être plus proche de Dieu et des autres.
Autre image : celle d’un gros chou vert, facile à trouver au marché en cette saison. Avec les petits, dès l’âge de 4 ans, on retire les épaisses feuilles périphériques pour découvrir la tendresse du cœur. À 7 ans, ils sont déjà capables de chercher à quoi pourrait correspondre dans leur vie chaque feuille retirée : un peu moins d’ordinateur pour un peu plus de services rendus à la maison, une rancœur abandonnée contre une copine indélicate…

Proposer de devenir un ange gardien
Christine et Laurent, parents de bientôt sept enfants, proposent au début du carême que chaque membre de la famille devienne l’ange gardien d’un autre, tiré au sort. L’ange est invité à être particulièrement attentif et bienveillant envers son protégé, mais discrètement, sans se dévoiler. Les noms sont révélés le jour de Pâques et on s’échange de petits cadeaux symboliques. « C’est une façon de rendre l’effort très concret, explique Christine. Une famille nombreuse est déjà une petite communauté dans laquelle on peut exercer son désir de mieux vivre ensemble. »

Organiser un repas de pains perdus
Florence, animatrice de groupes d’éveil à la foi dans la Drôme, est attentive à la symbolique de la nourriture. Elle invite les parents à ne pas jeter le vieux pain durant une semaine et à l’apporter pour une soirée avec les enfants où il est mis en commun pour cuisiner des pains perdus ou broyer de la chapelure pour un gratin. Les enfants font l’expérience d’une fête à partir d’un aliment très humble qu’ils auraient pu négliger ou gaspiller.
C’est aussi une façon de donner toute sa noblesse au pain, fruit du travail des hommes, et d’en faire tous ensemble quelque chose de bon. Dans le même esprit – l’art de magnifier la simplicité –, Florence a aussi demandé aux enfants quelle était leur soupe préférée. Leurs parents ont donné les recettes, qui ont été reliées et ­distribuées à toutes les familles. La soupe, d’habitude, ça leur donne… une mine de carême. Mais celle de Nathan, le potage de Clémentine ou le velouté de Margaux prennent la saveur de l’amitié.

Profiter de la liturgie
« Au lieu de grands discours, allons avec nos enfants à la messe, conseille Marie-Laure Rochette, du Service national de la catéchèse et du catéchuménat (SNCC). Le rituel dit exactement ce que l’Église croit et comment elle met sa foi dans chaque geste. » Après on en parle : pour cela, on peut confier à chacun un « poste d’observation ». L’un sera particulièrement attentif à ce que dira le prêtre quand il bénira les cendres, un autre quand il en enduira notre front… Cela donne un peu de piquant à la célébration et rend la participation plus active.
La liturgie, à travers les textes et les gestes, est très éloquente. Par exemple, le mercredi des Cendres, on entend une phrase du livre de Joël : « Laissez-vous réconcilier par le Christ. » Cette forme passive nous rend sensible au fait que Dieu prend l’initiative de nous parler. Non seulement le carême est un temps de conversion – on se retrousse les manches – mais c’est aussi le moment où notre cœur s’ouvre pour entendre Dieu qui veut nous parler.

Source : la Vie

Deux vidéos spéciales Carême pour les enfants et les jeunes

(adultes s’abstenir…)

 

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